Le parquet
général de Paris demande un non-lieu dans l'enquête sur les conséquences
sanitaires en France de la catastrophe nucléaire survenue à Tchernobyl
en 1986, a-t-on appris auprès de son cabinet.
La
chambre de l'instruction, qui tiendra une audience le 31 mars sur ce
dossier, devra finalement statuer. Elle a d'ores et déjà suspendu début
mars l'instruction conduite depuis une décennie par la juge Marie-Odile
Bertella-Geffroy.
Ce litige judiciaire survient en pleine crise
nucléaire au Japon, où les autorités tendent de maîtriser l'accident de
la centrale endommagée par un séisme et un tsunami à Fukushima-Daiichi,
mais le parquet souligne qu'il s'agit d'une coïncidence.
Une seule
personne est mise en examen dans le dossier français, le scientifique
spécialisé dans le nucléaire, Pierre Pellerin, 88 ans, poursuivi pour
"tromperie aggravée".
Il est soupçonné d'avoir caché des
informations qu'il détenait sur la radioactivité amenée par le nuage
issu de l'explosion de Tchernobyl, passé sur une partie de la France du
30 avril au 5 mai 1986, notamment sur l'Est et sur la Corse.
Il
était directeur du service central de protection contre les rayonnements
ionisants (SCPRI), l'une des administrations chargées de la question
nucléaire, à l'époque de l'explosion d'un réacteur de la centrale
ukrainienne, le 26 avril 1986.
Le dossier porte plus largement sur
les plaintes de plusieurs centaines de personnes souffrant d'affections
de la glande thyroïde, classiques en cas de contamination radioactive.
UNE INSTRUCTION ÉTOUFFÉE ?
Le
parquet estime qu'aucun lien n'a pu être établi scientifiquement entre
ces maladies et le passage du nuage. Concernant le professeur Pellerin,
il estime qu'il est impossible de retenir l'intention de mentir
sciemment.
Les associations de familles de victimes et les
organisations anti-nucléaires ont annoncé leur intention de manifester
devant le palais de justice le 31 mars pour protester contre l'intention
exprimée par le parquet et ont fait appel au ministre de la Justice
Michel Mercier.
"Les victimes françaises de Tchernobyl estiment
que cette attitude vise à étouffer l'instruction pénale portant sur la
problématique majeure de la communication officielle en direction des
populations", a dit dans un communiqué Chantal Lhoir, co-présidente de
l'Association française des malades de la thyroïde.
Sortir du
nucléaire parle de "véritable provocation de la part des autorités
françaises, dont l'indécence est d'autant plus incroyable que le monde
connaît aujourd'hui une catastrophe nucléaire majeure, et que les
Français réclament qu'enfin cessent les mensonges sur le nucléaire et
ses graves dangers pour la santé humaine.".
La gestion de la
catastrophe de Tchernobyl en France fait débat encore aujourd'hui.
Contrairement à d'autres gouvernements européens, celui de Jacques
Chirac n'avait pris aucune mesure préventive, comme l'interdiction de
consommer des produits frais ou la distribution de pilules d'iode à la
population.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse