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Cette semaine, on a joué à se faire peur dans le nucléaire français

On en sait désormais un peu plus sur le problème qui a conduit à l'arrêt en urgence de la centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche, dans la nuit de lundi à mardi dernier. S'il s'agit bien d'un afflux massif de débris de végétaux, charriés par le Rhône, qui ont obturé la prise d'eau qui alimentait le circuit de refroidissement du réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire EDF, l'analyse menée par l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) révèle en fait que que cet incident a constitué une première en France.

En effet, lorsque, après avoir arrêté le réacteur, EDF a voulu basculé son système de refroidissement sur l'autre voie d'alimentation en eau, il a été constaté que celle-ci était également défaillante pour les mêmes raisons, ce qui constitue une première en France selon L'IRSN. En conséquence, à défaut de cette voie de secours, c'est à la réserve d’eau du circuit de refroidissement des piscines (du réacteur et d’entreposage des combustibles usés) à laquelle il a été fait fait appel comme source froide d'ultime recours. Or, dans ce cas les possibilités de refroidissement sont par définition très limitées, puisque l'on travaille en cycle fermé avec un volume de liquide restreint en lieu et place de pompage dans le fleuve Rhône. Aussi, dans le même temps, une course contre la montre se déroulait en pleine nuit pour nettoyer les prises d'eau, le dispositif de filtration et les échangeurs de refroidissement, pour récupérer les pleines capacités de refroidissement du réacteur.

Autrement dit, on peut légitiment penser que l'on s'est fait peur à la centrale nucléaire de Cruas, cette semaine, montrant une fois de plus qu'un empilement de phénomènes pas exceptionnels peut mettre dans le rouge la mécanique la mieux huilée … Un empilement d'autant plus inacceptable que, rappelons-le, ce n'est pas la première fois que des voies de prise d'eau sont obturées dans cette centrale.

Comme le note le réseau "Sortir du nucléaire", "… comment accepter que la sûreté de millions de citoyens tienne à la possibilité de déboucher des prises d'eau dans le Rhône et ce en pleine nuit ?". Et le réseau d'ajouter "Bien sûr, on nous répondra que, une fois encore, cette situation anormale s'est bien terminée. Mais rien ne permet d'assurer que la chance sera toujours au rendez-vous …".